Ce fut le 13 juin 1991 que je montrai le bout de mon nez. J'étais une petite fille très attendue, la seconde et dernière des enfants. Enfin, c'était ce que je pensais. Ceux qui m'avaient mise au monde étaient déjà les heureux parents d'un petit garçon de sept ans mon ainé; Aymeric. Comment vous expliquer mon enfance? Elle a été normale, simple. J'ai eu de la chance car mon frère n'avait jamais été jaloux du fait que, bébé, j'avais besoin d'un peu plus d'attention que lui. Il a toujours été là pour moi, me protéger. Je l'ai toujours considéré comme mon ange gardien, mon frère, mon meilleur ami et mon confident. Il incarnait tout les rôles à la fois et cela nous convenait très bien à tout les deux. Depuis tout petits, nous nous étions toujours très bien entendus. Complices, nous faisions assez souvent tourner nos parents en bourriques. Cela nous amusait beaucoup et parfois nos géniteurs devenaient dingues avec nous.

Mais comme tout le monde le sait, il y a différents moments dans nos vies où l'on doit subir des changements, plus ou moins importants. Moi, j'en ai subis deux en même temps, à l'âge de 11 ans. Mon frère qui avait alors 18 ans a quitté la maison familiale pour aller à l'université. Je perdais mon meilleur ami et confident avec lequel j'avais passé la majorité de mon temps depuis ces onze dernières années. C'était déjà dur comme ça mais quelques semaines plus tard, ma mère mit celle qui fut définitivement la dernière de la famille: Lyla. Une jolie petite tête blonde, de la couleur de cheveux de ma mère. Mon frère et moi étions bruns, ayant hérité de la couleur de cheveux paternelle. Au début, je comprenais que mes parents s'occupent plus d'elle que de moi. Lyla était un bébé et c'était naturel. Mais elle finit par grandir et je ne reçevais pas plus d'attention. J'avais été totalement délaissée au profit de ma petite soeur.

Les années passèrent et j'avais été mise de côté comme un vieux jouet que l'on jette une fois qu'il est cassé ou lorsqu'il ne nous intéresse plus parce qu'on en reçoit un autre. J'ai commencé à devenir dingue à force d'être pratiquement ignorée et j'ai commencé à sortir à des fêtes à l'âge de quinze ans. L'âge où j'ai découvert mes pouvoirs. Car oui, je ne suis pas une simple humaine. Je suis une sorcière. Ne me demandez d'où je tiens ma magie. Je n'en ai jamais parlé à mes parents. La première fois que j'ai découvert ce que j'étais, c'était grâce à une plante. En effet, une plante mourait petit à petit dans ma chambre et triste, ne sachant plus comment faire car elle ne revenait pas malgré les soins que je lui prodiguais, j'avais fermé les yeux. Quand je les avais rouvert, la plante était à nouveau belle et resplendissante. J'allais de fête en fête, en usant de la magie pour me faciliter la vie. Je profitais de ma jeunesse, comme une dingue. On pouvait dire que je n'étais pas sérieuse. J'enchainai les expériences, bonnes comme mauvaises.

J'ai rencontré un homme à une de ces soirées. Je l'ai tout de suite apprécié. J'avais seize ans, des rêves plein la tête. Les études ne m'intéressaient plus spécialement et j'étais une vraie tête de mûle rebelle. Il m'a calmée. C'était le genre de mec craquant, populaire et fêtard mais avec des résultats scolaires tout à fait honorables. J'en suis tombée amoureuse et on est sortis ensemble. Notre couple tenait plutôt bien, malgré le fait que beaucoup de greluches tournaient autour de lui. Je lui vouais une confiance sans limites. Trois ans. On est sortis ensemble durant trois années. Ma magie? Il ne savait évidement rien à ce sujet. Personne ne savait. Je progressais toute seule, m'entrainais lorsque j'étais seule. J'ai découvert que je pouvais parler aux animaux et figer des objets ou des personnes. C'était amusant. J'adorais la magie. On aurait pu penser que tout allait bien dans ma petite vie. Je venais d'emménager avec mon petit ami, nous nous sentions prêt, depuis quelques mois. J'avais l'impression d'avoir trouvé ma place dans ce monde, dans le coeur de quelqu'un. Je me sentais bien et aimée, dans mon élément, jusqu'à ce jour. Je rentrai des cours et je surpris mon petit-ami dans notre lit en compagnie de ma meilleure amie. Mon monde venait de s'écrouler. Je venais de perdre les deux personnes qui étaient surement encore les plus importantes à mes yeux. << Ne vous approchez plus de moi! Je viendrais chercher mes affaires plus tard! >> Je lâchai ça, froide. Ils venaient tout deux de trahir ma confiance. Je me retournai et me dirigeai vers la porte d'entrée. J'avais besoin de sortir et d'aller faire un tour dans la fraicheur du soir tombant. Mon copain, ou plutôt ex-copain, se leva et enfila un jean avant de me rattraper: << Attends Kiara! C'était une erreur de parcours, s'il te plait! T'en va pas! Je t'aime! >> Je m'étai retournée et l'avais giflé. << Ne dis pas que tu m'aimes après m'avoir trompée avec ma meilleure amie! >> Je partis. Et ce fut la dernière fois que je le vis. J'étais revenue plus tard et j'avais récupéré mes affaires puis j'avais loué un nouvel appartement. Il n'était pas question que je rentre chez moi. Et là, j'ai recommencé à déconner.

Je chassais. J'attirais les démons pour les tuer. C'était devenu un jeu pour moi. A cet instant là, je me sentais puissante et j'avais l'impression que rien ne pourrait m'arrêter. J'avais tellement progressé, je savais tellement contrôler mes pouvoirs que pour moi, c'était impossible qu'il m'arrive quelque chose. Inconsciente? Non. Je savais que c'était dangereux. Sûre de moi? A cent pour cent. Et c'était peut-être bien cette assurance qui avait faillis me coûter la vie... J'avais attiré un démon, assez puissant. Je l'avais bien sous-estimé. Il me tenait en gripe et allait me tuer quand quelqu'un s'interposa et me sauva en le tuant. J'étais à bout de souffle et je dus prendre un moment pour me reprendre. Quand je réalisai enfin que j'étais toujours en vie, je compris que celui qui m'avait sauvée était un démon lui aussi. Trop faible, je n'allais certainement pas enclencher une quelconque bataille contre lui. Mais je fuis. Je le remerciai si vite puis je partis le plus rapidement que j'avais pu. Et depuis ce jour, il m'attirait irrémédiablement, inlassablement... Mais c'était un démon, ennemi juré des sorciers. Cependant, j'avais bel et bien l'impression que je ne pourrais pas le tuer. Même s'il était un démon, il m'avait sauvé la vie et je lui étais en quelque sorte redevable. Je faisais tout pour l'éviter, mais on aurait dit qu'il me suivait... A suivre!